Et qu’elles ne viennent pas nous emmerder pour un mannequin nu à quatre pattes sur un panneau 4 x 3.Notre thèse sera ici que la célébration des « rapports de séduction à la française », que l’on a vu resurgir, en même temps que la condamnation du « puritanisme américain », lors des affaires Polanski et Strauss-Kahn, en 2009 et en 2011, traduit le désir de maintenir les femmes dans une position sociale et intellectuelle subalterne ; elle est, pour ceux qui la défendent, une manière de nier la subjectivité féminine et de protéger leur monopole de la péroraison (chapitre 7). Elle souligne d’ailleurs que les hommes boulimiques mangent en public ; les femmes, jamais : elles s’arrangent pour se retrouver seules avec la nourriture. Non, en effet : ce désir, je souhaite même le défendre (voir chapitre 2). On est loin des rêveries d’enfance de Nancy Huston et d’Annie Leclerc, qui, en tant que telles, ont un charme indéniable et ne posent aucun problème. Un argument revient sur les forums de discussion : « Pourquoi toujours envisager le pire [c’est-à-dire la séparation] ? Ce faisant, il semble tracer des frontières infranchissables entre les différentes parties de leur personne. Au moins de temps en temps. Dans Plus tard, ayant entamé une correspondance avec la « salope » en question, elle réfléchit à ce qui les oppose en des termes plutôt déconcertants : « Elle, elle baise et se fait arroser et humidifier par Développant une mystique sacrificielle, Grisélidis Réal se montre fière de son rôle social, de sa capacité à soulager des hommes de leur frustration et de leur solitude : « La prostitution est un humanisme », écrit-elle. En tant qu’art décoratif, elle comporte à la fois une part de création authentique et une part de marketing ; le rapport de forces peut favoriser tantôt l’une, tantôt l’autre. La crise qui a éclaté en 2008 n’a fait que l’égratigner.

Elles se laissent gagner par un perfectionnisme obsessionnel, qu’accompagne une convoitise sans cesse renouvelée pour les produits et les techniques mis sur le marché à un rythme effréné. Cela ressemblait beaucoup à de l’eugénisme, et, peut-être parce qu’on était à Berlin, faisait écho à la solution finale des nazisDès l’origine, souligne Essig, le projet de la chirurgie esthétique a été celui d’une normalisation tant raciale que sexuelle.

Le jeune duc de Lexington est foudroyé par la beauté de Venetia Easterbrook.

Mais c’est une chose d’avoir la tête encombrée d’informations et de désirs déposés là par l’industrie de la mode ou de la beauté. On est frappé, dans Le rythme imposé aux modèles pendant la semaine de la mode témoigne également de cette loi du « marche ou crève » : quatre semaines durant, successivement à Londres, New York, Milan et Paris, sept jours sur sept, elles enchaînent quatre ou cinq défilés par jour ; mobilisées pour des répétitions jusque tard dans la nuit, elles doivent se lever à l’aube (et on s’émeut de leur addiction à la cocaïne). Si tu juges mon cou trop long, c’est ton problème, pas le mien. Outre les films de Dior avec Marion Cotillard, on peut voir sur le site de Chanel des courts-métrages involontairement burlesques, suintant l’argent et le snobisme, réalisés par Karl Lagerfeld. » Et qu’on n’en attende surtout pas de l’C’est une singularité épanouie, et non la conformité aux canons en vigueur, qui fait la beauté, la sensualité, l’amour. L’activité intellectuelle se doit d’être abstraite et, par essence, masculine, tandis que la sensualité constitue en quelque sorte le repos du guerrier : un domaine féminin, accessoire et plaisant, dont on jouit, que l’on peut célébrer, mais où rien de décisif ne saurait se jouer. Sans nous en rendre compte, nous sommes habituées à un régime d’égards. Portemanteau à fantasmes, marionnette de ventriloque, telle est aussi la position la plus fréquemment assignée aux actrices. L’éditeur Little, Brown and Co. l’a acheté et en a tiré une série de romans. La croissance du secteur, + 465 % au cours des dix dernières années, a été parallèle à l’élargissement du fossé entre riches et pauvres.

Mais, en même temps, elles s’irritent de voir que beaucoup d’hommes, à l’inverse, enfermés dans une pure subjectivité, n’ont aucune conscience des regards de leur entourage.

Il y a encore quelques trucs matériels en ce bas monde qui me rendent complètement hystérique. Cette impuissance des femmes à obtenir qu’on les respecte est le sujet d’une vidéo satirique du site américain Funny or Die.

» Ce ton convenu, spontané et superficiel, typique de ce milieu, mais aussi les noms de couturiers qu’elle cite et qui sont révélateurs de son univers, la disqualifient instantanément auprès de tous ceux qui ne conçoivent la critique que comme savante et sans concession, bardée de références à Foucault ou à Baudrillard.